Marine Cannelle, l’une des étoiles du spectacle « Une nuit à Equita ».

Publié par Julien Counet le 06/11/2024

Chaque année, Equita Lyon offre aux 7000 spectateurs des soirées du vendredi et samedi, un spectacle original regroupant de grands professionnels du spectacle. Cette année était particulière avec les 30 ans d’Equita Lyon mais aussi la disparition d’Alexis Grüss.

Le cru 2024 nommé « Une nuit à Equita » aura été l’occasion d’associer différents univers sous la musique de l’orchestre de variété de la garde républicaine associé à l’incroyable chanteuse Apolline Tridon qui aura été impressionnante tout au long du spectacle.

L’occasion de rencontrer Marine Cannelle de la troupe Jehol qui aura fait forte impression avec ses traits comtois.

« C’était la quatrième fois que j’avais la chance de participer à ce spectacle. La première fois en 2013 où le spectacle était exclusivement composé de chevaux de traits puis en 2018 et 2019. Pour nous, c’est un honneur de pouvoir nous produire sur une telle piste qui accueille tant de grands champions. C’est d’ailleurs un plaisir de pouvoir regarder les autres disciplines comme le saut d’obstacles évidemment mais aussi la finesse des mouvements en dressage ainsi que la vitesse et le contrôle que les meneurs peuvent avoir en attelage. Lors d’un tel spectacle, chacun vient avec son numéro mais c’est toujours un plaisir de se voir et d’échanger sur place. C’était aussi un véritable honneur de partager ce spectacle et la carrière d’échauffement avec une cavalière olympique tel que Pauline Basquin qui finit troisième de la coupe du monde de dressage quelques heures plus tôt. Nous avons d’ailleurs eu l’immense honneur d’échanger avec elle et sa collègue du pas de deux, Nadège, et cela fait partie des moments magiques d’une telle organisation. Pour nous, ce sont des semaines très chargées puisque nous avons quitté Equita Lyon pour rejoindre Vérone où les chevaux de Lyon sont accompagnés de cinq chevaux supplémentaires car nous faisons également un numéro de voltige cosaque là-bas.

Mon beau-père, Jean-Louis Cannelle, possède une ferme de 50 hectares où le travail est réalisé à 95% par des chevaux. Il possède un élevage de chevaux comtois réputés et véritablement axé vers le travail. La compagnie Jehol est installée au sein de la ferme et lorsqu’un poulain nous plaît, nous pouvons l’intégrer à notre cavalerie. Certains de nos chevaux font le foin en été avant d’intégrer les spectacles par la suite. Mon beau-père milite pour un retour à un cheval comtois de travail plus petit et plus léger. Malheureusement aujourd’hui la tendance est d’alourdir la race? Lors des modèles et allures les juges recherchent des comtois grands et lourds souvent destinés à la boucherie. Nous, nous les travaillons comme des chevaux de selle dès leur plus jeune âge. L’élevage de mon beau-père travaille avec des souches sélectionnées depuis 1926. Nos chevaux vieillissent bien. Un de mes chevaux de spectacle a 16 ans et il est toujours en pleine forme avec des membres impeccables, ce qui est rare pour des chevaux de trait. Nous aimons aussi beaucoup la couleur que nous avons mais là aussi, on recherche souvent la couleur alezane aux crins lavés. Pourtant, au départ, il y avait aussi des chevaux bais dans les comtois et à force de sélectionner le gène des crins lavés, on s’est retrouvé avec des soucis de vue dans la race et on voit d’ailleurs progressivement réapparaitre quelques chevaux bais pour diminuer ce problème.

Nous travaillons avec cette race parce qu’elle est extrêmement polyvalente. Nous avons également des chevaux ibérique, ce qui permet de mettre encore plus en valeur les exploit de cheval de trait à travers nos spectacle. Les Comtois sont capables de faire du dressage, de la haute école, de la voltige et même de la voltige cosaque. C’est un cheval de sang froid et calme mais qui sait avoir de l’énergie quand on en a besoin. Nous les valorisons également lorsqu’ils sont jeunes en attelage sur le circuit de la SHF qui est un circuit très formateur. L’attelage leur donne une belle musculature qui est utile par la suite pour la voltige et ce circuit nous oblige à les transporter et à leur faire découvrir plein de choses. C’est vraiment très positif. En fait, la plus grande différence entre le monde du sport et du spectacle, c’est que dans le sport les chevaux sont souvent valorisés pour être vendus, nous, notre objectif est de les garder en spectacle le plus longtemps possible. Ils ne seront jamais vendus, ils font partie intégrante de la famille et nous essayons vraiment de leur assuré la meilleure vie possible en les construisant petit à petit pour qu’ils aillent la meilleure santé et le meilleur physique possible.

Notre compagnie Jehol a plusieurs casquettes. C’est une belle publicité pour notre élevage, nous faisons de gros spectacle comme à Lyon et Véronne mais nous avons aussi un chapiteau avec lequel nous voyageons pour faire découvrir l’univers équestre du cirque. Nous tournons dans toute la France avec un spectacle d’une heure et quart dans lequel nous avons des musiciens en live. A ce niveau, Lyon était exceptionnel car si nous avons l’habitude de travailler avec des musiciens, c’est quelque chose de très rare dans de grands spectacles comme celui-ci et il faut aussi féliciter la chanteuse qui était vraiment formidable. Pour nous, la plus grande difficulté d’un spectacle comme Lyon, c’est les dimensions de la piste alors que nous sommes surtout habitués au rond de la piste de cirque. Cela demande pas mal d’adaptation. Lorsque nous traversons la France avec notre chapiteau, c’est bien plus qu’un spectacle que nous transportons car nous restons souvent entre 15 jours et un mois, nous organisons des ateliers pédagogiques avec les écoles pour faire découvrir toutes les disciplines du cirque autour du cheval, nous allons à la rencontre des maraîchers. C’est vraiment toujours un incroyable moment de partage et tout un petit réseau qui se met en route pour trouver de la paille, du foin … etc.

C’est vraiment un travail formidable à vivre en famille puisque mon beau-père élève nos chevaux et mon mari, Benjamin Cannelle, est le fondateur de la troupe Jehol et il en est le directeur artistique. C’est lui qui les dresse à la haute école et c’est aussi lui qui pense les spectacles et les met en scène. C’est vraiment un plaisir de travailler tous ensemble.» conclu Marine Cannelle.