Sirius Black à la rescousse du Selle Français

Publié par Julien Counet le 05/05/2023

Sirius Black est décidément l’étalon de tous les combats. Après avoir amené Edward Levy au niveau cinq étoiles et lui avoir permis de parcourir le monde en découvrant ensemble le plus haut niveau, il se consacre désormais à sa carrière d’étalon. Mais, là encore, Sirius Black a un véritable combat à mener. Sa génétique de pur Selle français fait de lui un ambassadeur incontestable. D’autant que sa gestion est un véritable symbole intergénérationnel avec d’une part son cavalier, Edward Levy,  indubitable avenir de la France au plus haut niveau et d’autre part Xavier Leredde, à la tête de l’emblématique élevage des Rouges!

Si Xavier Leredde a lui-même été cavalier au plus haut niveau, il est aussi un grand défenseur du Selle Français bien que grand connaisseur du sang étranger avec notamment l’importation d’Ultimo van Ter Moude, fils de Capitol I mais aussi en ayant été juge lors des expertises d’étalons de Zangersheide pendant 10 ans! Aujourd’hui, le Haras des Rouges a décidé de s’impliquer de nouveau pour le cheval de sport et le studbook Anglo Normand. Il y a quelques mois, Quartz Rouge retrouvait les terres de son enfance, mais, malheureusement il disparaitra prématurément de coliques laissant à Sirius Black et Tyrol Rouge le soin de sauver le Selle Français originel.

« Il y a quelques années, au terme d’une réunion avec Pascal Cadiou, j’avais promis de mettre le studbook Anglo Normand en veilleuse car si le Selle Français jouait véritablement la carte du Selle Français originel, il n’avait pas de raison d’être. Malheureusement, je constate que c’est juste une vaste fumisterie. C’est aux éleveurs de donner le tempo et les étalonniers ne devraient pas être aux commandes d’un studbook. Le taux de jument pur Selle Français est de plus en plus faible… et il s’agit souvent de juments âgées. Je n’ai jamais été contre l’apport du sang étranger mais je reste attaché au Selle Français. En début d’année, Déborah Smaga m’a appelé pour me faire part de son souhait de vendre Quartz Rouge. Il avait quitté le haras poulain et il était issu de la meilleure souche de mon père. J’avais toujours dit que si un jour c’était possible, je le rachèterais et je n’ai donc pas manqué l’occasion même si malheureusement, il ne sera pas revenu très longtemps à la maison. Nous avons fait l’acquisition du stock de semence congelée en même temps que Quartz, il reste donc disponible. »

Mais par la force des choses, la grande nouveauté de cette année, c’est l’arrivée au Haras des Rouges de l’ancien crack d’Edward Levy.

« Sirius Black est une véritable perle rare. J’ai un souvenir de 1972. Je me rappelle très bien l’année car on était allé voir les Jeux Olympiques de Munich avec mon père. J’ai vu Michel Pelissier gagner au CSIO de La Haie avec Sakar qui n’est autre que la grand-mère de Sirius. La mère de Sirius a évolué sous la selle de Bruno Coutureau, c’était elle aussi une très bonne jument de concours. Son père Calisco du Pitray était lui-même issu de la crack d’André Chenu Krishna et il a eu une très belle production avec plusieurs chevaux de haut niveau.

Quand Sirius est arrivé au haras, la première chose que j’ai faite, c’est de le seller pour le monter. C’est un vrai chat avec une qualité de tissu simplement incroyable. C’est un cheval intelligent qui saute juste. C’est ce qui lui a permis d’avoir une très longue carrière. Quand beaucoup de chevaux sont arrêtés blessés, lui pas une seule mollette malgré son âge. J’invite qui le souhaite à venir le voir au haras. Son seul défaut, c’est qu’il n’est pas congelable et qu’il sera uniquement disponible chez nous car nous ne transporterons pas la semence. Mais ses qualités et son intérêt pour l’élevage sont indéniables. » explique Xavier Leredde.

Évoquer le souvenir de cette incroyable aventure procure directement un sourire sur le visage de son cavalier, Edward Levy : « Sirius m’a amené en un an du niveau trois étoiles au plus haut niveau de la compétition. C’est lui qui m’a fait vivre mes premières victoires en Coupe des nations. Avec ses copropriétaires, la famille Coutureau, il n’était pas envisageable de le faire saillir durant sa carrière. Du coup, il n’a qu’un nombre de produits très restreint. J’ai eu une de ses filles, qui je pense avait l’étoffe d’une jument pour le plus haut niveau … mais après quelques concours, elle a été très demandée et nous n’avons pas pu refuser les offres que l’on faisait pour elle. Elle s’est envolée pour les Etats-Unis… C’est certain qu’une jument dans le sang avec une technique parfaite et facile à monter, cela intéresse beaucoup de gens et finalement, je pense que c’est vraiment ce que Sirius peut apporter à l’élevage. J’ai beau être encore jeune, avoir un cheval qui allie un tel respect et un tel mental est extrêmement rare. Nous apprenions tous les deux notre métier au plus haut niveau en même temps, il était très respectueux et jamais il ne m’a abandonné. Pour moi, c’est quelque chose de fantastique et je suis persuadé que le mental est une qualité primordiale pour un étalon. Aujourd’hui, j’ai plus d’expérience avec les étalons en montant un cheval comme Catchar Mail qui est l’étalon qui a sailli le plus de sa génération ou Junior du Seigneur qui est très en vue mais ce n’était pas le cas à l’époque où Sirius était le premier étalon approuvé que je montais. Je pense vraiment qu’il mérite de saillir de bonnes juments car il a véritablement des choses à apporter à l’élevage. »