Roger-Yves Bost accueille 9 Henson à Barbizon

Publié par Julien Counet le 10/05/2022

Il y a quelques semaines, Roger-Yves Bost annonçait un nouveau projet pour le haras du Brulys qui accueille désormais un troupeau de 9 Henson au sein de ses écuries à Barbizon au cœur de la forêt de Fontaibleau. On aurait pu penser à un poisson d’avril mais il n’en est rien. Le projet est bien réel et surtout on se rend vite compte qu’il a du sens !

Début des années 80, quelques passionnés décident de croiser des Fjord avec des Selle Français avec comme objectif de créer une nouvelle race de chevaux d’1m50 à 1m60, bien dans leur tête pour l’équitation extérieure avec une couleur homogène. Ce défi nait en Baie de Somme avec des chevaux qui vivent uniquement à l’extérieur à une époque où l’on prend cette petite bande de passionnés pour des marginaux. Pourtant aux fils des années, le projet prend forme. En 2003, la race est reconnue et la crédibilité du monde du cheval prend forme.


Ces passionnés ont de la suite dans les idées. Ils créent les « Espaces Equestres Henson » qui se développent au fur et à mesure des années. Dans un premier temps autour de la baie de Somme avant de prendre leurs quartiers à Chantilly puis dernièrement à Fontainebleau, au sein des écuries de Roger-Yves Bost !


A la base de ce projet, Dominique Cocquet. Directeur de l’aménagement du territoire de la Baie de Somme avant de partir développer le parc du Marquenterre, l’homme quitte ensuite son territoire pour … Disneyland Paris où il travaillera durant 30 ans dont la majorité en tant que Directeur Général Adjoint. Durant ce temps, l’homme vit à Chantilly pour rester connecté à la nature qu’il apprécie tant et sans être trop loin de la Baie de Somme à laquelle il voue un attachement particulier… et où sont ses chevaux dont il va s’occuper chaque week-end. Autant d’expériences dont bénéficie aujourd’hui le projet des « Espaces Equestres Henson ».


« Mon expérience équestre est loin d’être traditionnelle puisque je suis arrivé aux chevaux par l’environnement dû à mon poste pour l’aménagement du territoire de la Baie de Somme mais aussi par la fascination de découvrir cette relation entre deux mammifères supérieurs qui peuvent collaborer. Cela a quelque chose de profond. Il ne faut pas oublier que pendant plusieurs siècles, le cheval a été notre seul moyen de transport. Cela représente quelque chose de profond.

Notre objectif avec ce projet était de créer des expériences à 360° bien loin de l’idée des balades à la queue leu leu qu’il faut faire oublier ! Nous avons aujourd’hui un engouement énorme autour de ce projet qui représente également une osmose entre le nature et la culture. Nous avons longtemps été pris pour des marginaux mais l’expérience nous a montré que plus nous accordions une vie proche de la nature à nos chevaux, plus ils étaient proches de nous. Cela peut sembler paradoxal mais cela fait partie d’un ensemble de réflexions autour de la relation entre l’homme et le cheval. Nous nous sommes fortement inspirés du milieu rural. Le fait d’avoir une cavalerie homogène donne une notion d’harmonie. Le Henson, grâce sa mentalité et sa taille, nous apporte un sentiment de sécurité qui est particulièrement adapté à l’équitation extérieure que nous pratiquons. »


Les moments difficiles que nous venons de vivre ont donné un véritable coup de fouet aux activités des espaces équestres Henson : « Avec la covid, les gens ont eu encore plus envie de découvrir l’équitation d’extérieure. C’est d’ailleurs cela qui a poussé la famille Bost à prendre contact avec nous car de plus en plus de gens poussaient les portes de leurs écuries pour voir s’il y avait une possibilité d’aller se promener en Forêt. Nous avons mis deux ans pour lancer ce nouveau projet car d’une part, nous n’avions pas suffisamment de chevaux à pouvoir leur proposer et ensuite, j’ai hésité à sortir les espaces Henson de leur région … mais il y avait de nombreux points qui rendaient ce projet cohérent et nous avons donc franchi le pas. J’avais déjà eu ce dilemme avec Chantilly mais qui était une région que je connaissais bien pour y avoir vécu 20 ans et qui liait la nature et la culture. Ici avec les Bost, nous avons découvert une famille proche des chevaux et de la nature. Même si cela peut paraitre philosophique, je pense qu’il n’y a pas d’harmonie possible sans performance mais il n’y a pas de performance possible non plus sans harmonie. A ce titre, nous visons l’excellence comme Roger-Yves Bost. C’est intéressant de créer une dynamique à ce titre car si notre association peut surprendre à première vue, on se rend compte que finalement, nos objectifs ne sont pas si différents et que cette collaboration a véritablement un sens. Les espaces équestres Henson ne sont pas antinomiques du haut niveau, il y a aussi une recherche de l’excellence mais dans un autre domaine. Nous sommes très heureux de cette collaboration avec les Bost. Les promenades proposées à Fontainebleau avec ce dépaysement dans cette somptueuse forêt, avec ces pierres impressionnantes et un retour le long de cette immense carrière où Roger-Yves Bost entraine ses chevaux, est le symbole même de cette collaboration. Même si cela ne fait aujourd’hui que quelques semaines que le projet a débuté, on voit l’écho que cela a pu avoir dans le monde du cheval. Cela interpelle de voir où nous en sommes aujourd’hui. Grâce aux randonnées, on sort de notre espace-temps. Notre objectif est vraiment de faire vivre des expériences aux gens en leur permettant, grâce à l’itinérance, de se déconnecter complètement. »


Mais il faut savoir gérer cet engouement. « Chaque année, nous produisons entre 35 et 40 poulains mais si nous voulions vraiment répondre à la demande, nous pourrions en produire le double. Il est néanmoins très important pour nous de conserver nos valeurs. Nous voulons absolument que ces chevaux grandissent et vivent constamment en extérieur. Cela demande de trouver de nombreux hectares. De plus, notre projet dépasse uniquement le cheval, nous formons également nos accompagnateurs car nous voulons qu’ils soient de véritables animateurs avec le rôle de faire vivre de véritables expériences. Nous prenons aussi le soin de débourrer nos chevaux de manière harmonieuse en procédant notamment à un débourrage en paire. Un jeune cheval accompagne systématiquement un cheval plus âgé et au fur et à mesure des semaines, il découvre la selle puis le cavalier et cela se passe comme si c’était une suite logique pour eux. »


Comme vous l’aurez compris, même si Dominique Cocquet a pris sa retraite il y a désormais 5 ans, sa passion pour le Henson et la nature occupe encore la majorité de son temps et les projets ne manquent pas !  


Photos © Agence Arcantide | Florent Cocquet