Valentin Besnard et Beau Gosse du Park, la force tranquille.

Publié par Julien Counet le 12/06/2022

Fin 2021, un couple se distingue. Valentin Besnard et l’étalon Selle Français Beau Gosse du Park (Quaprice Bois Margot x Kannan x Ukase) font parler la poudre. Troisième du Grand Prix 2* de Royan, 5ème du Grand Prix 4* de Saint Lô puis vainqueur du Grand Prix 4* de Rouen ! Ce joli bai se forge son propre palmarès lui alors qu’il est issu d’une famille prestigieuse française puisque sa mère n’est autre que la propre sœur de la crack d’Eric Lamaze Rosana du Park qui était elle-même une sœur du crack de Ludovic Leygue et Ludger Beerbaum : Diabolo du Parc II, grand gagnant en coupe du monde et coupe des nations. Au-delà de ces deux cracks, la production de Quinine de Livoye s’est illustrée sur les plus beaux terrains de concours… et aujourd’hui, c’est au tour de Beau Gosse de permettre à Valentin Besnard de se faire un nom au plus haut niveau.

« J’ai commencé à monter Beau Gosse du Park lorsqu’il avait 7 ans quand je travaillais chez Bruno Rocuet. Nous avons commencé à sauter 1m15, il avait eu une opération malheureuse et était très en retard par rapport à son âge. Lorsque j’ai décidé de m’installer à mon compte, je savais que je faisais une croix sur Beau Gosse car je ne voulais en aucun cas partir avec des clients de Bruno. J’avais trop de respect pour lui et il m’avait trop apporté pour lui faire cela, il n’en était pas question. »


Beau Gosse intègre alors les écuries de Grégory Wathelet fin 2019 alors qu’il vient de subir une dernière opération pour voir l’avenir sereinement. Le timing n’est pas opportun, le cheval n’est pas dans sa condition optimale et se blesse légèrement. Grégory Wathelet et Corinne Accary décide qu’il est nécessaire de lui faire retrouver sa condition au préalable … et le cheval retrouve Valentin Besnard « pour l’espace de quelques mois » … mais il y est toujours aujourd’hui !

« Pour moi qui venait de m’installer, c’était une chance incroyable. J’ai tout de suite appelé Bruno Rocuet qui m’a dit qu’il n’y avait aucuns soucis pour lui. C’était le début de son année de 9 ans et au départ, l’optique était de le faire progresser mais je savais qu’il était possible qu’il reparte vers une grande écurie. Finalement, les choses ont pris du temps. Il a fait quelques 145-150 mais très peu, c’était vraiment une année de formation. Ensuite l’an dernier, nous voulions arriver à être sans-faute dans des épreuves trois étoiles. Personnellement, ça ne me dérangeait pas de savoir que je le préparais pour quelqu’un d’autre. J’ai fait cela durant dix ans et à partir du moment où c’est convenu d’avance, il n’y a pas de soucis. Finalement, Corrine a décidé de me le laisser et je suis bien conscient que c’est la chance d’une vie. A moi d’être performant l’an prochain car je n’ai aucun doute sur le fait que ce cheval peut tout sauter. Je n’ai pas encore cette expérience-là. » explique très humblement le cavalier qui a su fédérer en peu de temps une belle équipe autour de lui. « Les résultats de fin de saison sont aussi le fruit de la collaboration avec mes propriétaires. Karine et Ludo Heudron ont eu la gentillesse de nous offrir le concours trois étoiles de Cabourg puis Dinard. J’avais vraiment envie de leur offrir un beau résultat et Beau Gosse a été sans-faute les deux fois ce qui nous a ouvert les portes de Deauville et d’autres concours par la suite. C’est grâce à eux si j’ai pu par la suite avoir la possibilité de sauter des 4 étoiles par la suite. Après, il faut savoir saisir les opportunités qui se présentent à nous. Pour le CSI3* de Saint Lô, nous avons été rappelé au dernier moment alors que nous étions à Royan où il avait été troisième du Grand Prix 2*. Du coup, j’ai uniquement sauté une épreuve la semaine suivante avant de rejoindre Saint Lô … mais cela faisait plus d’un an qu’il n’avait pas sauté en manège où nous prenons la 5ème place de notre tout premier Grand Prix 4* en étant parmi les barragistes du Grand Prix. On est allé là un peu la fleur au fusil mais physiquement, il était très bien et il était vraiment dans le concours ! Ensuite à Rouen, nous avions été sélectionnés.»


Mais avec un tel cheval, quand se dit-on qu’il n’est pas comme les autres ? « Sincèrement, à 7 ans, je sautais des épreuves d’1 mètre trente mais ce n’était pas facile car il allait parfois trop en avant et sa technique pouvait être perfectible. Il avait besoin de murir. Lorsqu’il est revenu à 8 ans, tout allait mieux. C’est important de ne pas vouloir aller trop vite. Je pense que cette saison, il sera encore meilleur que l’an passé car les 3-4 derniers mois de l’année dernière, il n’a pas raté grand-chose. Il a pris de la maturité et un peu de métier. Maintenant, en piste, il prend des automatismes et des réflexes qu’il n’avait pas avant. Il faut vraiment se rendre compte qu’il n’a vraiment pas fait grand-chose en tant que jeune cheval et que les choses s’enchainent très vite pour lui. Personnellement, je n’ai qu’un cheval de ce niveau donc je tiens à en prendre particulièrement soin et à éviter les blessures. Du coup, même à la maison sur le plat, je ne voulais pas griller les étapes. Il était en retard, je le savais mais ce n’était pas une raison pour essayer de le rattraper. C’est un grand cheval qui a toujours voulu bien faire. Ici, le vétérinaire a beau le regarder sous tous les côtés : il est tout neuf ! Il a une super santé. »


 La patience paie avec une fin d’année 2021 incroyable : « Cela fait plaisir, c’est sûr. Après Rouen, la pause de Beau Gosse m’a fait du bien aussi. Je n’ai pas l’habitude d’être sur le devant de la scène et sincèrement, ce n’est pas spécialement mon truc. C’était super gentil, j’ai reçu de nombreux appels bien intentionnés. J’ai été assez surpris, je ne m’attendais pas à cela. Quand je vais au concours et que je rentre en piste avec lui, je n’ai peur de rien. Je reste froid et calme, je sais que lui va faire ! Je sais que même si c’est sa première fois, il peut le faire ! A Cabourg, c’était son premier trois étoiles, il est passé de suite, à Rouen, son premier quatre étoiles, il gagne ! A moi de me dire que, même si je manque d’expérience, j’ai deux bras, deux jambes comme les autres et je peux le faire aussi ! J’ai cette envie de faire du haut niveau et il est clair que si je peux y aller, je ne vais pas donner ma place. Je sais que Beau Gosse est ma chance et que c’est à moi de me bouger pour ne pas avoir de regrets. Je veux me prouver si on me donne ma chance que je peux y arriver. J’ai le cheval pour, à moi de bien monter. J’adore les jeunes chevaux, il n’y a aucun doute là-dessus et je ne pense pas que je pourrais arrêter cela. Monter un bon jeune cheval me fait vibrer. Lorsque je monte un bon parcours de 5 ans, je suis comme un enfant ! Faire de beaux concours avec les vieux chevaux, c’est vraiment chouette aussi ! Mon manque d’expérience n’est pas un obstacle pour moi. J’ai beaucoup appris chez Bruno et je sais que les conditions du concours ne sont pas les mêmes qu’à la maison … mais je sais qu’à la maison, je peux sauter un très gros parcours. Il faut que je travaille sur le mental pour être capable de rester froid pour le jour où l’on me donnera ma chance ! Il faut que cela reste comme à la maison, il ne faudra pas changer quoi que ce soit.»

On l’a compris, là où certains y perdent vite le sens des réalités, Valentin Besnard reste d’un calme absolu. Très loin des rêves et même avec cette obsession du terre à terre en cherchant toujours à progresser. «  Je pense qu’il faut bien prendre en compte l’aspect financier. Nous avons une boutique à faire tourner avec Pauline et il faut qu’on mange. Il faut que notre activité soit viable, nous ne sommes pas riches. Les jeunes chevaux nous permettent de gagner notre vie mais je pense que j’ai la chance d’avoir un certain nombre de chevaux d’âge intéressant. »


Beau Gosse, le pilier qui permet de rêver : « C’est un cheval avec des moyens impressionnants. Il est respectueux et l’est de plus en plus. Au départ, il pouvait faire quatre points … mais à chaque fois, je pouvais expliquer la faute que ce soit par un manque de dressage, une faute de technique qui pêchait mais plus par un manque d’expérience. Il était vert. Ce n’est pas un cheval débordé de sang mais il en a largement assez pour faire quatre jours de concours et rentrer en piste le dernier jour en étant encore mieux alors que je le monte en plus tous les matins … dont une heure le matin du Grand Prix en le travaillant vraiment ! Je n’ai pas suffisamment d’expérience pour me rendre compte de jusqu’où il peut aller … mais je sais que j’ai déjà monté de très bons chevaux et je pense qu’il peut aller très loin. »

Pourtant lorsque le rêve est si proche, le respect du cheval reste la priorité et après le succès de Rouen, alors que l’on s’attend à voir le couple surfer sur leurs succès : Beau Gosse part à la mer pour un mois de congés : « En fait, c’était prévu comme cela avant Rouen. Après la victoire, j’ai hésité à un moment donné mais en discutant avec Marc Dilasser qui est un modèle pour moi dans la manière dont il gère son écurie et il m’avait conseillé de ne rien changer au plan. Il est donc parti un mois chez Aurélie Bonet et Corentin Derouet en qui j’ai une confiance totale. Nous avions prévu de reprendre la saison à Royan avec un deux étoiles puis un trois étoiles puis un Grand National … il faut y aller étape par étape. »