L’élevage Flamingo, bien plus qu’une histoire de coeur.

Publié par Julien Counet le 25/07/2022

Installés à Paimpont au cœur de la forêt de Brocéliande chère à Merlin l’enchanteur, Alexandra et Yoann Lepage-Rantet ont vécu un véritable coup de foudre avec une certaine Nangaye de Kergane devenue par la suite Lady Lindenhof. Ils ont ensuite formé ses produits qui en sont aujourd’hui à la 3ème génération, parmi eux Unladylike et Airelle Flamingo ont déjà fait leur preuve en Grand Prix alors que les jeunes promesses de l’élevage arrivent en âge de venir titiller leurs ainés. Entre temps, les étalons Campo Flamingo Z et Popstar Lozonais ont évolué sous la selle d’Alexandra et sont toujours bien présents dans l’élevage.

Un itinéraire qui semblait loin d’être tracé pour cette jeune femme de Fontainebleau qui a su saisir les opportunités qui se présentaient à elle lorsqu’elle a décidé de s’installer en Bretagne.


photos: Campo Flamingo Z

« Je cherchais à m’installer mais à Fontainebleau d’où je suis originaire, c’était très compliqué. Les propriétés équestres n’étaient pas dans mon budget. Nous avions trouvé un terrain mais il n’a pas été possible de construire dessus. J’ai décidé qu’il était temps pour moi d’aller de l’avant et j’ai décidé de venir m’installer en Bretagne qui était une région qui m’attirait beaucoup. C’est assez bien desservi et surtout, c’est une terre d’élevage qui est une véritable passion pour moi. J’avais acheté mon premier poulain : Campo Flamingo Z (Chellano Z x Ronald) qui est devenu notre étalon maison quelques années plus tôt mais c’était compliqué d’élever dans cette région. Or cette année, là, j’avais ma première jument pleine. »


C’est un déménagement qui va amener beaucoup de changements dans votre vie puisque vous rencontrez rapidement Yoann Lepage qui deviendra votre mari et vous débutez rapidement votre collaboration avec l’élevage de Kergane.

« Oui, tout s’est enchainé assez vite finalement puisque j’ai rencontré Yoann aux écuries où j’avais mes chevaux lorsque j’attendais la construction de nos écuries à Paimpont que nous avons construites ensemble. La rencontre avec Louis Meunier s’est faite à la même époque. Nous nous sommes rencontrés durant le marché FENCES de novembre. Il cherchait quelqu’un car son cavalier s’était blessé et un ami commun nous a présentés et lorsque j’ai déménagé, j’ai commencé à monter ses chevaux deux fois par semaine. »


photos : Nangaye de Kergane & Alexandra Rantet au CSI*** Spring Tour de Lummen

Quand est-ce que Nangaye fait son apparition dans votre vie ?

« Dès le début de notre collaboration en fait ! Nangaye faisait partie des chevaux que je montais. C’était une jument qui a directement été complètement à part. La première fois que je l’ai vue sauter en liberté, je suis rentrée et j’ai dit à Yoann que je n’avais encore jamais vu un cheval sauter de la sorte. Elle prenait 5 ans mais elle n’avait encore strictement rien fait car elle s’était blessée très gravement à un postérieur. C’était très sérieux à tel point qu’à 5 ans, elle en avait toujours des séquelles. Ce n’était pas quelque chose de grave mais visuellement, c’était énorme ! Elle avait un boulet de la taille d’un ballon de Handball. J’en avais presque des scrupules de l’emmener en concours mais la vétérinaire m’avait rassurée en m’expliquant que plus elle allait faire, plus l’œdème allait se résorber. J’ai fait les premiers sauts montés de la jument sous la selle et dès le départ c’était une jument complètement hors norme : toute petite par la taille avec une énorme amplitude et façon de sauter phénoménale. Toutes les juments de l’élevage de Kergane sont mises à l’élevage avant leur carrière sportive et comme Louis Meunier pensait également qu’elle était exceptionnelle, elle avait fait quatre transferts d’embryons. Je ne sais pas s’ils ont refait la même chose sur une autre jeune jument depuis ! Rapidement, il a deux juments de l’élevage qui sortent vraiment du lot : Nangaye de Kergane et Mascotte du Manoir qui va devenir la mère de notre grande promesse actuelle, Ehning Flamingo.  Je décide alors de passer un accord avec lui et d’acheter la moitié de ces deux juments là. J’en ai fait l’acquisition après quelques concours durant notre première année de concours car je voulais d’abord m’assurer qu’elle tiendrait physiquement avec le souci qu’elle avait. Je les ai alors récupérées à la maison pour les travailler quotidiennement. Nous en sommes restés copropriétaires durant très longtemps et je l’ai proposée à la vente comme les autres chevaux que je montais.  Néanmoins, les gens l’ont trouvée trop petite, ils avaient des doutes sur les moyens… puis à la fin de ses 7 ans, on a commencé à avoir des propositions intéressantes mais j’avais le sentiment que la jument allait vraiment aller loin. J’ai dit alors à son éleveur que je pensais qu’il fallait vendre tous les autres et garder celle-là! Néanmoins, je pensais qu’il n’y avait plus longtemps à attendre avant qu’elle émerge et je pensais que les prix ne seraient pas pareils. Louis n’est néanmoins pas d’accord avec ma vision des choses et lui souhaite la vendre à ce moment-là. Je décide alors de racheter sa part … mais à l’époque, nous n’avions pas suffisamment d’argent et nous nous sommes associés aux parents de Yoann qui ont mis toutes leurs économies pour racheter la part de la jument. Curieusement, j’étais sûre de moi et cela ne m’a pas mis une pression particulière sur les épaules par rapport à eux. Ils l’ont fait tellement de bon cœur et je ne me voyais vraiment pas la laisser partir. Et à partir de ce moment-là, je décide de déclasser la jument qui avait tendance à s’inquiéter par excès de respect. Elle avait toujours fait les parcours dans sa classe d’âge mais j’étais toujours obligée de la solliciter beaucoup. Début des 8 ans, alors qu’elle se classait en 140, je décide de la redémarrer sur 1m25 en prenant mon temps pour avoir une jument bien relâchée et complètement en confiance. Au final, sur l’année de 8 ans, nous n’avons rien fait de plus que sur son année de 7 ans et ce n’est qu’à 9 ans, qu’elle a débuté sur 145 puis dans la foulée 150 et tout s’est enchainé. La première saison, nous avons fait parfois une petite faute car il fallait que je me remette à ce niveau-là aussi. »


C’était un rêve qui devenait réalité pour vous ?

« J’ai eu la chance d’avoir d’autres chevaux de Grand Prix avant qui m’ont fait vivre de belles années. J’avais notamment Amour du Moulin qui m’a permis de remporter mon premier Grand Prix national. J’avais franchi toutes les étapes avec lui en faisant mon premier Grand Prix 150, mon premier Grand Prix 3*. Je ne peux donc pas dire que Nangaye était la toute première, j’avais eu de bons chevaux avant … mais c’était une jument spéciale et très attachante. Nous avons vécu des moments assez incroyables avec elle. Cela a été une époque magnifique où tout nous réussissait. C’était la jument d’une vie d’autant par le fait que ce soit une jument et que même après sa vente, il y a eu une suite grâce à tous ses produits. Je ne me voyais pas me séparer de cette jument et que l’histoire s’arrête là… même si on savait qu’il fallait profiter du moment car la route devait s’arrêter à un moment. Il y avait un retour sur investissement qui était obligatoire aussi parce que j’avais entrainé mes beaux-parents dans cette aventure. »

La suite, c’est ici … demain !


Photo d’accueil : Yoann et Alexandra Lepage lors de leur mariage avec Unladylike, fille de Campo Flamingo Z & Nangaye de Kergane