Ehning Flamingo, le grand espoir de Cavalex

Publié par Julien Counet le 26/07/2022

Lorsque vous visitez « Cavalex », l’affixe « Flamingo » empruntée à leur premier étalon maison « Campo Flamingo Z » est largement teintée de la souche de Nangaye avec une ressemblance inévitable … puis il y a un immense gris au charisme impressionnant qui tranche clairement avec le reste de l’élevage. Conscient de ses capacités, l’étalon Ehning Flamingo  (Cardento x Diamant de Sémilly) intrigue. Véritable grande promesse du haras, il fait aussi sensation en piste et attire autant les regards alors que sa première génération vient de voir le jour.


Alexandra Rantet-Lepage :« Nous avons acquis la moitié de Mascotte du Manoir en même temps que la moitié de Nangaye de Kergane. Elle avait un an de plus que Nangaye et nous participons dès la première année à la finale des 6 ans. C’est une jument avec laquelle j’ai évolué jusqu’à 1m40. Comme Nangaye, c’est une jument qui s’était blessée au boxe lorsqu’elle était jeune. Nangaye avait passé son postérieur dans un bas de porte car il n’y avait pas de verrou alors que Mascotte s’était coincée dans les barreaux. A la différence de Nangaye, Mascotte avait fait de l’arthrose et ça la gênait. C’était une jument qui était très bien née puisqu’il s’agit de la souche des Letablier. C’était également une souche de cœur puisque mon deuxième cheval de Grand Prix était également issu de cette même souche. J’ai donc décidé de la mettre à l’élevage. La première jument que j’avais mis à l’élevage avait beau avoir gagné sur 1m35, je me rendais compte qu’il fallait des juments d’un autre calibre dans la qualité ou dans les souches pour faire de meilleurs poulains. On a fait des transferts au départ et elle a très bien produit. C’est une jument très typée par son père Diamant de Sémilly qui manquait de style devant. Elle était très concours mais j’avais envie de lui mettre un peu plus de chic et finalement durant plusieurs années, j’ai utilisé notre étalon maison Campo Flamingo Z. Nous avons eu de bons produits, un a tourné sur 140 et Campo a surtout fait de très bonnes mères donc je vois aujourd’hui de très bons produits en père de mère… mais j’avais le sentiment de ne pas avoir utilisé le bon croisement. J’étais débutante en élevage et j’essayais d’amener avec l’étalon ce qui manquait à la jument. Après je me suis dit qu’il fallait faire l’inverse : mettre des qualités communes et si possible pas des défauts communs. C’est comme cela que nous sommes arrivés à choisir Cardento que Yoann avait déjà voulu utiliser quelques années avant mais sans succès avec sa jument. Nous l’avons utilisé sur deux juments cette année-là car on trouvait qu’il donnait un bon mental et on voyait ses produits sortir un peu partout en donnant de gros moyens. A ce moment-là, Berdenn était en train d’exploser. Il venait de faire le top price à 2 ans et de nouveau top price l’année suivante à 3 ans. Louis Meunier m’a alors demandé pour me racheter Mascotte. Je trouvais que Louis avait fait tellement pour nous qu’il était normal que j’accepte de lui revendre. Nous savions donc que ce poulain de Cardento serait le dernier pour nous. J’espérais une femelle …. Mais j’ai eu un mâle et je me suis dit, c’est très bien car s’il est bien, je vais pouvoir le croiser avec la souche Nangaye et c’est ce que nous avons pu faire avec succès cette année ! »



Dès le départ, vous vous dites que c’est un cheval d’un autre calibre ?

« C’était un poulain très grand à la naissance et il l’est toujours aujourd’hui. J’aimais beaucoup son caractère qu’on retrouve dans sa production aujourd’hui. Il était très froid en étant intelligent mais facile avec suffisamment de personnalité. Comme c’était un mâle, Yoann se dit qu’il est quand même important qu’on fasse de la trésorerie et décide de le présenter à Fences à la vente élite. Personnellement, je n’étais pas emballée mais parfois, il faut faire des concessions dans un couple. Il est repris pour la vente mais le soir de la vente, coup de chance, il ne monte pas du tout. Personne ne connait Cardento en France et la souche du Manoir faisait moins rêver que celle du Château à l’époque. Ce sont des souches très solides mais que les gens semblent avoir un peu oubliées. Nous le rachetons donc sans regret. J’étais très contente, Yoann un peu moins d’autant qu’on avait payé les frais de ventes, le transport etc … Du coup, alors qu’on ne fait jamais cela, Yoann décide de le présenter à l’approbation du Selle Français à 2 ans. On ne l’entraine quasiment pas et il fait une véritable démonstration. C’est un cheval qui finalement a toujours été beaucoup demandé mais pour diverses raisons, il est toujours avec nous. Il a toujours été potentiellement à vendre d’autant qu’on préfère vendre les mâles que les femelles … mais j’ai toujours été exigeante car je n’ai jamais monté un cheval avec autant de moyens que lui. Je pense qu’il a l’étoffe d’un véritable cheval de championnat. Cela m’embêtait de le voir partir sans l’avoir prélevé et quand on a un cheval avec un tel potentiel, on n’a pas envie de le voir partir trop vite. On le forme très gentiment et essayant de le mettre à l’abri des regards. Si tout va bien l’année prochaine, on devrait le voir un peu plus pour qu’il soit au top à 10 ans. L’idée est de le voir évoluer sur des épreuves intéressantes à dix ans. »



Mais du coup, c’est un cheval qui pourrait vous permettre de repartir vers le haut niveau ?

« Ce n’est pas notre envie. On se plait bien où l’on est. Le problème du haut niveau est qu’il fait rêver beaucoup de cavaliers lorsqu’on est jeune mais on doit bien avouer aujourd’hui que ce n’est pas notre monde. Finalement, nous nous sentons éleveurs avant d’être des cavaliers de haut niveau. C’est certain que lorsque j’ai gagné un Grand Prix comme Dinard à l’époque où c’était seulement un trois étoiles, les émotions étaient énormes ! C’est quelque chose de vraiment important dans une vie, il n’y a pas beaucoup de moment de sport comme cela. Je savais en les vivant qu’il était possible que je ne les revive pas. J’en étais consciente et je les ai savourés. Je pense qu’aujourd’hui, j’en serais encore capable mais je pense qu’il faut se rendre à l’évidence par rapport à des cavaliers qui ont des piquets de chevaux très étoffés et qui sont chaque semaine sur de gros concours alors que nous, nous mettons une saison à retrouver le niveau qu’on avait avant. On est quand même vraiment largués par rapport à la vitesse et la technicité de ces épreuves-là. De plus, je n’ai pas spécialement les mêmes envies qu’à 20 ans de sillonner la France et l’Europe en laissant les poulains dans les herbages, les gîtes … et mon petit garçon. Notre objectif est de l’amener gentiment jusqu’au niveau ranking puis nous verrons comment les choses se goupillent. C’est aussi de nous faire plaisir avant de lui trouver la bonne maison pour que le cheval puisse faire les concours que l’on espère qu’il fera ! »