Malia du By, l’histoire du nouveau rêve d’Harold Boisset

Publié par Julien Counet le 25/04/2023

Il y a des chevaux qui ont des qualités que tout le monde voit mais passent de maison en maison sans vraiment marquer les esprits. Jusqu’au jour où une performance rappelle à tout le monde qu’ils ont chacun une petite part dans son histoire. L’histoire de Malia du By commence en Allemagne où Paul Maïs du Stoeterij van de Helle achète sa mère, Quidam’s Lady (Quidam’s Rubin x Landor S). Mais la jument se montre délicate et il préfère la vendre. Erik Dekens en fait alors l’acquisition et tente de la mettre sous la selle. « C’était une très jolie jument baie foncée, mais pas très grande. Elle était très très respectueuse, presque trop. Nous l’avons débourrée et mise en route mais elle était très à l’œil. En liberté, elle sautait de façon magnifique et on a décidé de la faire saillir par notre étalon Eros Platière. Finalement, nous avons eu des clients qui sont arrivés, nous l’avons présentée et elle a été vendue. » explique Erik Dekens

Elle arrive finalement chez le Brésilien Rodrigo Alexandre installé en Belgique, où elle poulinera d’une pouliche. Même si au final, celle-ci ne porte pas l’affixe C.D. dont il affuble ses chevaux. « J’ai vendu la pouliche et sa mère quelques mois plus tard en Belgique à Julie Tarte mais ce sont eux qui ont fait les papiers de la pouliche qui porte dès lors leur affixe même si je suis repris comme éleveur. » explique le Brésilien désormais installé à Nivelles. 

L’histoire se poursuit chez Julie Tarte…«Cette année-là, j’avais perdu une jument et la mère adoptive que nous avions trouvé ne donnait pas beaucoup de lait. Je n’avais pas envie d’élever ce poulain mâle seul et je me suis mis à la recherche d’un autre poulain. J’ai vu cette jument suitée dont les origines me plaisaient et je les ai achetés. Les gens l’avaient appelée Mea Luna mais je n’aimais pas du tout. Alors j’ai cherché un autre nom et Malia m’a bien plu. J’ai remis sa mère en route après le sevrage, mais je me suis vite rendue compte qu’elle était difficile et qu’elle ne serait pas pour moi. Je l’ai vendue à Hervé Francart et j’ai perdu sa trace. J’ai par contre gardé Malia que j’ai débourrée et mise en route.  Malia avait un bon caractère. Elle bougeait beaucoup sa tête quand je la montais juste avec caveçon sans mors. J’aime aller en promenade avec mes chevaux. Pour moi, ils doivent voir autre chose que le bac à sable au moins une fois par semaine et comme nous sommes installé en Ardenne près de Libramont, nous avons la chance d’avoir de nombreux bois à disposition. En ballade, elle ne regardait rien… par contre, une fois en piste, ce n’était pas la même histoire. J’ai un peu sauté avec elle, je pense que j’ai dû faire un ou deux entraînements mais sans plus. Malheureusement, comme elle était toute petite et que je suis assez grande, je mesure 1m75), elle ne me convenait pas. J’ai décidé de la vendre à Erik De Winter en reprenant une jument de son élevage. Il y a quelques années, j’avais regardé ce qu’elle était devenue et j’avais été agréablement surprise de voir qu’elle évoluait sur des épreuves 135 à 7 ans … mais jamais je n’avais imaginé la retrouver faire un Grand Prix 4 étoiles comme à Fontainebleau. Quand on m’a appelé tout à l’heure pour me parler d’elle, j’ai été voir les vidéos et elle fait ça avec vraiment beaucoup de facilité. Par contre, je n’ai aucun regret. Les choses se sont passées comme elles devaient se passer. Je continue à élever un poulain par an simplement. » raconte Julie Tarte 


Mais l’aventure de Malia est loin de s’arrêter chez Erik De Winter…L’homme décide de faire une vidéo qu’il envoie à l’une de ses fidèles clientes, Sophie Della Valle des écuries de Grammont où travaille à l’époque un certain Harold Boisset. Les trois ont déjà collaboré autour de nombreux chevaux, dont le plus connu est sans aucun doute Quolita Z, une autre petite jument par la taille et grande par le talent! Malia prend donc quasiment immédiatement le chemin de la France.

« Erik m’a envoyé une vidéo de Malia. Je ne pouvais pas me déplacer et nous avons toujours eu l’habitude de travailler en confiance ensemble. J’ai donc décidé d’acheter la jument et nous l’avons débutée en concours. A l’époque Harold travaillait encore avec nous mais il n’était pas convaincu par cette jument qu’il a très peu montée. Quelques temps plus tard, une de nos élèves Ambre Fernandez a eu un malheureux accident avec un cheval. Il était important pour moi qu’elle puisse retrouver un bon cheval pour continuer à monter. C’est pour cette raison que je lui ai proposé d’acquérir Malia que j’avais en haute estime… même si je mentirais si je vous disais que je savais qu’elle avait les capacités de sortir sans-faute d’un Grand Prix quatre étoiles. J’ai toujours dit à Harold que c’était une jument pour lui, il ne pourra s’en rendre compte que plus tard. Je suis heureuse qu’ils aient pu se trouver maintenant. » nous explique Sophie Della Valle.

En attendant ces retrouvailles, Malia continue alors sa route avec sa nouvelle propriétaire Ambre Hernandez qui l’emmène jusqu’en épreuve 135. Ses études à Montpelier lui prennent de plus en plus de temps. Entre temps l’amazone s’est installée chez Edouard Renaud à qui elle finit par confier la jument. Malia évolue alors au niveau 145. Mais il y a un an, Harold Boisset décide de quitter les écuries de Grammont avec qui il collaborait depuis de nombreuses années pour s’installer à son compte 10km plus loin au centre équestre des Verries. En juin 2022, Ambre Hernandez décide de revenir vers son ancien mentor et lui confie Malia.

« J’ai passé des années formidables à Grammont mais nous n’avions plus vraiment la même vision. Au fil des années, mes attentes avaient changé, j’ai également une vie de famille. J’avais envie de gérer mon emploi du temps comme je l’entendais sans avoir à rendre de comptes, ce qui est le cas quand on est employé. Là-bas, j’avais 25 jeunes chevaux et 15 chevaux plus âgés. Je voulais faire les choses autrement. Au départ, je voulais me limiter à 10 chevaux mais au final, j’ai 16 chevaux au travail aujourd’hui. La compétition est vraiment ma motivation et évidemment on rêve toujours de cinq étoiles. Mais me maintenir sur un niveau 2-3 étoiles me plait déjà beaucoup. Je suis très heureux aujourd’hui d’avoir franchi le pas. Même si je remercie vraiment tout le monde pour ces belles années durant lesquelles j’ai pu faire mes armes.

C’est comique aujourd’hui de me retrouver de nouveau avec cette petite jument pleine de sang. Au final, c’est un peu l’histoire de ma vie jusqu’à présent. Souvent, on m’appelle pour me dire qu’on a pensé à moi pour ce type de cheval … mais j’espère aussi qu’on m’appellera pour d’autres types de chevaux. Ce qui est important pour moi, c’est la qualité, pas la taille! Erik De Winter a toujours su que nous ne nous arrêtions pas à la taille dans le choix de nos chevaux. Malia est quand même un peu plus grande que Quolita, elle doit faire 1m60 mais pas plus. Par contre, elle est plus élastique que Quolita et a plus de facilité sur la hauteur. Mais il y a beaucoup de similitudes. Elle a une énorme action et les obstacles ne lui posent pas de problèmes. A Fontainebleau, elle a dû sauter les trois grosses épreuves et au final, elle a terminé en apothéose même si j’aurais dû assurer un peu plus mon barrage au lieu de me laisser guider par mon instinct de compétiteur. Au final, quitter ce Grand Prix sans toucher d’argent après une telle prestation, c’est frustrant. Je suis un peu déçu de ma stratégie au barrage mais ravi de la manière dont elle a sauté. Cela ne fait que renforcer mon idée sur ses qualités et son potentiel. Elle a une énorme action par rapport à sa taille. Par contre, c’est une jument très regardante. J’ai pris l’habitude de lui boucher les oreilles, mais à Fontainebleau, elle ne le supportait , elle bougeait sans cesse la tête au paddock et j’ai donc dû lui enlever les bouchons. C’était un vrai poulain au paddock. Elle m’a même fait le gros dos. Quand elle est rentrée en piste, elle regardait tous les pots de fleurs plus que les obstacles, elle était très distraite. Le premier jour, on fait une faute sur le numéro un tellement elle regardait l’environnement. Le deuxième jour, c’est moi qui n’ai pas bien monté … puis il y a eu ce Grand Prix. Je suis vraiment ravi et j’attends la suite avec beaucoup d’impatience. » nous explique Harold Boisset.