Charlotte Spaas une heureuse surprise

Publié par Julien Counet le 29/04/2023

A Fontainebleau, lors du Master Pro Elite, Charlotte Spaas Levallois a véritablement créé la surprise en prenant une incroyable 4ème place dans le championnat de France. Retour sur le véritable rêve vécu par cette jeune fille issue d’une famille de professionnels mais qui trace sa propre route sans aucun complexe. Son produit maison, Dream de Beaufour, élevée par sa mère, n’est autre qu’une fille du crack étalon familial, l’iconique, Diamant de Sémilly (celui même qui permit à son oncle Eric Levallois de décrocher un titre de champion du monde par équipe aux Jeux Mondiaux de Jerez). Une jument de 10 ans que la jeune fille a formé elle-même et qui lui offre aujourd’hui la plus belle récompense devant ses parents présents tous deux au Grand Parquet le dimanche. Née en Belgique, Charlotte Spaas grandit en Normandie avec sa mère mais revient régulièrement chez son père, l’étalonnier belge et marchand de chevaux Michel Spaas, où elle installe toute son écurie durant au moins deux mois en hiver.

« Cette quatrième place, c’est une véritable surprise. Mon seul objectif en faisant ce championnat était de prendre de l’expérience. Je n’avais jamais sauté d’épreuve aussi grosse que cette finale! J’ai eu la chance de faire les juniors avec une jument qui est désormais poulinière. Mais mes trois années de jeunes cavaliers, je les ai passées à la formation de cette jument. Je travaille depuis toujours avec ma maman. Même si mon piquet est composé à moitié de chevaux de ma mère et à moitié de mon père. Mon papa est très occupé avec l’organisation de ses ventes aux enchères et il ne vient donc pas souvent mais cela faisait évidemment plaisir de le voir à Fontainebleau, c’était un support supplémentaire. Ma maman m’a appris depuis le début à faire mes reconnaissances seule pour que je sache me débrouiller et j’ai gardé cette habitude. A Fontainebleau, j’ai néanmoins profité des conseils de Nicolas Delmotte que j’admire beaucoup à la reconnaissance. Il connait ma jument en l’ayant vue pas mal de fois depuis un an. Je sais que je peux vraiment faire confiance à ses conseils. Si nous sommes d’accord sur le plan, il ne peut rien m’arriver en piste. Je suis quelqu’un de précis mais lors de la chasse, je n’ai pas appliqué ses conseils… J’étais vraiment fâchée sur moi car j’ai vu une distance que j’ai prise sans me soucier du plan et cela m’a couté deux fautes sur les deux éléments de la combinaison qui suivait. Je m’en suis beaucoup voulu car c’était vraiment une erreur de cavalier. Je trouve que les parcours étaient vraiment très bien construits. La chasse était fluide mais en tentant d’avancer, il y a eu des fautes partout. A la fin, je me suis retrouvée trentième car après les deux fautes, j’ai accéléré et tourné court pour ne pas tout perdre et finalement, j’étais à une faute du premier !

Le soir, j’ai fait trois heures de route pour rentrer aux écuries. Je n’étais à Fontainebleau que pour le championnat, mais je suis assez active, alors rester une journée à attendre alors que j’ai beaucoup de jeunes chevaux à la maison, ce n’était pas possible pour moi. J’ai donc monté à la maison la journée avant de revenir avec ma maman le soir pour monter Dream.

Le dimanche, j’ai fait un super paddock. Le parcours était technique mais ne me paraissait pas insurmontable. A marcher, je trouvais ça vraiment haut… mais une fois en piste, c’était agréable à monter. J’avais confiance avant de monter … c’est-à-dire que je pensais que cela aurait été honorable de sortir à 4 ou 8 points. J’étais donc vraiment heureuse après le sans-faute en première manche. Mais je n’avais aucune idée d’où je me situais… Je ne savais même pas si j’allais repartir en deuxième manche! Je ne me suis pas préoccupée de l’épreuve mais juste de ma jument. Je l’ai ramenée à l’écurie pour être sûre qu’elle puisse uriner … et puis au final, j’ai vu que nous étions 12ème et 9ème à partir lors de la seconde manche. Je n’avais jamais sauté deux manches dans la même journée alors je me suis dit qu’il était possible qu’elle commette des fautes de fatigue. Notre objectif était déjà plus qu’atteint. Nous étions de toute façon vraiment dans la découverte et l’expérience, le reste n’était que du bonus. Au paddock, j’ai tenté de l’économiser, nous avons fait moins de sauts. Finalement, on sort un nouveau sans-faute juste pénalisé d’un point de temps pour 24 centièmes, mais je n’ai aucun regret. C’était tellement technique que j’étais vraiment concentrée sur ce que je devais faire. Je n’avais aucune idée que le temps était court … Mais cela ne change rien. J’aurais été plus vite, j’aurais peut-être fait une faute. C’est sûr qu’avec le recul, sans ses 24 centièmes, c’était la deuxième place … mais avec une faute, j’aurais été beaucoup plus loin. Dans un Grand Prix classique, je préfère faire une faute que du temps dépassé mais dans un tel championnat, je préfère avoir ce point de temps dépassé! Je suis toute petite et je fais mon petit bonhomme de chemin sans aucune prétention. Grâce à ma performance, on m’a proposé de participer au CSIO 3* de Peelbergen. Ce sera une magnifique expérience même si je serai plus que probablement réserviste.

Il est certain que Dream attire les convoitises. C’est un sujet de discussion régulier à la maison car ma maman souhaite vraiment la garder pour moi alors que moi, je suis vraiment vendeuse dans l’âme. Ce sont les gênes de mon papa qui s’expriment. J’aime construire les chevaux jusqu’à un certain niveau et puis les vendre. Je trouve que c’est gratifiant et que cela récompense notre travail. Ma maman serait plus vite prête à les garder comme poulinière pour me permettre d’évoluer. Je dois dire que je suis vraiment extrêmement fière du travail de ma maman. Elle est revenue en France avec deux poulinières et elle a construit un élevage qui a déjà sorti pas mal de bons chevaux. Ici, nous avons décidé de conserver Dream au moins jusqu’en fin d’année, après nous verrons. Par contre, c’est vrai que j’aime monter mes chevaux. C’est pour ça que nous travaillons en famille. Je n’ai vraiment pas envie de me disputer avec des gens à propos d’un cheval et j’aime faire les choses comme je l’entends. » conclut Charlotte Spaas Levallois en revenant sur cet incroyable exploit à froid. Logiquement, Il lui aura fallu quelques jours pour réaliser et redescendre de son petit nuage.