Gerrit Nieberg s’offre Aachen à 29 ans !

Publié par Julien Counet le 05/07/2022

Aix la Chapelle a repris ses droits. Après avoir réussi à organiser un évènement en 2021 malgré les mesures en vigueur à l’époque, le CHIO a repris ses droits. Le public a répondu présent en masse puisque le stade affichait complet tous les jours. Même la météo aura été de la partie à l’exception de la coupe des nations qui n’a pas été épargnée par la pluie.

Ce concours reste la référence absolue, un véritable mythe et les dotations suivent. Si la coupe des nations promet depuis l’an dernier 1.000.000 d’euros de dotation à se partager entre les participants, le Grand Prix promettait cette année pas moins d’un million et demi d’euros ! Une belle source de motivation supplémentaire pour les cavaliers qui rêvent néanmoins surtout de voir leur nom sur la plaque !


Avoir le droit d’y participer reste déjà un rêve en soi pour de nombreux professionnels. Au terme de la première manche, si les 18 meilleurs peuvent repartir, ils ne sont déjà plus que douze à rêver de pouvoir le gagner et la seconde manche ne s’annonce pas non plus comme une promenade de santé.  

Yuri Mansur ne réussit pas à rééditer son premier tour avec QH Alfons Santo Antonio (Aromats) et sort avec 10 points.




Si le double de bidet fait quand même moins de dégâts depuis que les barres ont été raccourcies, il continue à demander beaucoup d’efforts aux chevaux qui l’ont souvent payé sur l’obstacle suivant, à l’image de Darragh Kenny avec VDL Cartello (Cartani) comme Christian Ahlmann avec un Dominator 2000 Z (Diamant de Sémilly) très expressif.



Seul Kevin Staut se fera piéger sur la sortie du double de bidet avec une grosse faute de … ventre de Visconti de Telman (Toulon).



Petite déception pour Grégory Wathelet qui sortira de cette seconde manche avec deux fautes de Nevados S (Calvados Z) : « Je ne peux pas lui en vouloir, j’ai fait deux erreurs et nous les payons cash. Je lui ai demandé beaucoup sur le double de bidet et j’aurais dû le rassoir un peu plus dans le virage qui suivait. Pour la seconde faute, je sais qu’il a une très grande action et je ne lui laisse aucune chance en arrivant beaucoup trop près. »


Gros regret pour Nayel Nassar qui a impressionné dans ce Grand Prix avec Igor vd Wittemoere (Contact vd Heffinck) mais a fauté sur le deuxième obstacle de la seconde manche avant de passer toutes les difficultés sans encombre.



Alors que Ben Maher se dirigeait vers le barrage, son incroyable Explosion W (Chacco Blue) ne peut éviter la faute sur milieu du triple.

Au final, il n’en reste que cinq pour la lutte finale !


McLain Ward a donné une véritable leçon de management une nouvelle fois lors de ce CHIO. Azur a en effet participé à la première épreuve du concours mardi … et à la dernière dimanche, entre les deux, Mclain Ward a remporté le prix de l’Europe et le prix de North Rhine-Westphalia, les deux épreuves qualificatives pour le Grand Prix avec Contagious (Contagio) laissant à Kasper van het Hellehof le soin de faire la coupe et la consolante du samedi. Un pari quasiment réussi puisque l’américain se retrouve premier à s’élancer au barrage avec son impressionnante jument de 16 ans. Malheureusement, un peu optimiste sur l’ultime obstacle, ils partent de très loin et la faute est inévitable malgré un bon chrono de 40’’03!

« Azur a été une nouvelle fois fantastique comme tout au long de la saison. Elle a 16 ans désormais et nous avons choisi de ne plus la sortir si souvent mais ce Grand Prix faisait vraiment partie de nos plans. Elle a une nouvelle fois sauté de manière spectaculaire. Nous avons débuté le barrage un peu lentement mais c’était mon plan et je voulais gagner un peu de temps sur le dernier en galopant mais nous étions vraiment trop loin. 

La jument a été arrêtée assez longtemps et sincèrement, même si j’ai toujours pensé qu’elle reviendrait, je ne pensais pas qu’elle reviendrait à ce niveau. L’an dernier, elle a fait de bonnes épreuves avec notamment les masters de Calgary et dès qu’elle était en piste, elle voulait gagner l’épreuve. Cette année en Floride, j’ai vraiment senti qu’elle était en forme. Elle était vraiment bien dans son corps et en pleine santé. Elle a gagné un beau Grand Prix en Floride et encore un autre 4* aux USA il y a quelques semaines … alors j’ai décidé de tenter cette aventure. Nous avions vraiment fait un bon plan pour la semaine et même si Kasper n’a pas eu de chance, il n’a pas démérité. J’aurais voulu gagner aujourd’hui, mais je suis très heureux. »





Vainqueurs l’an dernier, Daniel Deusser et Killer Queen VDM (Eldorado vd Zeshoek) sont toujours en course pour un incroyable doublé. Le cavalier Stephex signe le premier triple sans-faute mais quand le chronomètre s’arrête à 41’’60, on comprend que cela va être très difficile pour eux.



En effet, Scott Brash donne une véritable leçon d’équitation : une réalisation parfaite dans le galop et l’équilibre. Hello Jefferson (ex Jerenmias van het Hulstenhof ; Cooper vd Heffinck) est impressionnant et d’une réactivité incroyable : 39’’24 ! Il va falloir sortir un lapin d’un chapeau pour réussir à les battre. Difficile même d’imaginer que cela est possible d’autant que les deux derniers à s’élancer font plutôt figure d’outsider face aux monstres sacrés de la discipline qui viennent de s’élancer.



La qualité de pilote de Nicola Philippaerts n’est plus à démontrer mais il faut bien avouer que sa monture n’a pas l’expérience des chevaux précédents et n’a pas fait preuve d’autant d’aisance.  Pourtant le belge ne baisse pas les bras et il attaque d’entrée avec beaucoup de panache et fait forte impression en bouclant lui aussi le triple sans-faute finissant dans les échappements de l’écossais !



« Katanga n’est pas la jument la plus facile et il nous reste encore des progrès à faire mais quand elle est en piste, elle veut toujours donner le meilleur d’elle-même. Je n’aurais pas pu aller plus vite aujourd’hui mais pouvoir être sur le podium de l’un des plus gros Grand Prix au monde, c’est un sentiment merveilleux. » explique Nicola Philippaerts.



Car oui, le podium est assuré : il n’en reste plus qu’un à partir. La jeune garde allemande sort les dents et bouscule la hiérarchie. Fils de Lars Nieberg, double médaillé d’or olympique à Atlanta avec For Pleasure et Sydney avec Esprit FRH entre autres, Gerrit Nieberg suit les traces de son père. A 29 ans, le jeune homme ne doute de rien. Il s’élance prudemment mais prend une incroyable option en coupant devant la haie pour sauter le double. Ben 431 (Sylvain alias Balou 400) se plie aux demandes de son cavalier sans hésiter avant d’entamer une ultime ligne somptueuse : 38’’63 ! Gerrit Nieberg remporte le Grand Prix d’Aix la Chapelle et les 500.000 euros promis au vainqueur !



« Lorsque je suis entré en piste, je suis resté concentré sur mon plan, mon cheval et moi-même sans me laisser distraire. J’avais vu cette option à la reconnaissance et j’avais demandé à un collègue ce qu’il en pensait, il m’avait dit que je devais le faire. Lorsque j’ai franchi la ligne, c’était juste incroyable. C’est comme si ce n’était pas vrai et il va me falloir encore un peu de temps pour réaliser. C’est un rêve qui devient réalité. C’est vrai que je gagne ce Grand Prix que mon père n’a jamais remporté … mais il a réussi tellement de choses que je suis encore très loin de son palmarès. » glisse le jeune homme avec beaucoup d’humilité.

Alors que l’on pensait que Scott Brash tenait son second sacre après sa première victoire en 2015 avec Sanctos van’t Gravenhof, l’écossais termine finalement second : « Jefferson a tout donné et je n’ai aucun regret. J’avais vu cette option devant le double et j’avais décidé de la prendre si il y avait eu beaucoup de barragistes … mais lorsque j’ai vu que Daniel Deusser ne la prenait pas, j’ai décidé de ne pas le faire … Finalement, Gerrit a pris l’option, il l’a fait formidablement bien et il a mérité cette victoire. »