Bosty et Cassius Clay VDV Z, première victoire dans leur jardin

Publié par Julien Counet le 24/04/2023

Ils étaient 50 à s’être qualifié pour la deuxième édition du Grand Prix 4* du Printemps des Sports Equestres. Les nuages et le vent auront joué avec les nerfs des cavaliers et des organisateurs mais finalement après quelques réglages sur le lestage de certains obstacles, seuls une dizaine de cavaliers seront passés sous la pluie… on aura tout de même pu remarquer une très nette baisse de sans-faute durant cette période. Heureusement peut-être car à la moitié de l’épreuve, on comptait déjà pas moins de 8 tours clairs alors que les meilleurs couples étaient à venir.  Ils seront finalement 14 au terme de ce Grand Prix où personne ne se sera fait piéger par le chronomètre. Grégory Bodo aura eu fort à faire ce week-end pour trouver le bon dosage après une première épreuve qualificative très difficile qui avait fait beaucoup de dégâts avec 6 sans-faute sur 71 partants…

Le barrage ressemblera à un affrontement entre la France et le reste du monde, la moitié des qualifiés représentait en effet le pavillon tricolores . Mais la victoire française était loin d’être assurée pour autant. Il faut dire que ça démarrait fort avec la suédoise Wilma Hellstrom. Une prestation somptueuse avec un tracé magnifique où tout semblait si facile. 36’’31 pour le cheval suisse Quinti von Hof (Quicklij B Z).

C’était ensuite aux Français de commencer à abattre leurs cartes. À commencer par l’attaque du numéro deux mondial, Julien Epaillard. Après un premier tour encourageant de Dubai du Cedre (Baloubet du Rouet), le barrage ne sera pas à la hauteur. Le couple peine décidément quelque peu à trouver une certaine régularité.

Deuxième atout, Nicolas Delmotte et Ilex VP (Diamant de Sémilly). Un couple qui se connait par coeur et qui confirme avoir retrouvé ses sensations . Opéré de cornage cet hiver alors qu’il avait perdu 50% de ses capacités respiratoires, le fils de l’ancienne internationale Emma VP est de nouveau dans le coup et boucle le double sans-faute à une demi seconde de la suédoise.

Au tour de l’ancien champion du monde Reynald Angot de partir à l’attaque de la reine suédoise…Lui quirevient petit à petit sur le devant de la scène est, cette fois, présent avec l’étalon anglo arabe formé par son frère Florian. Doté de moyens hors normes, Chrome d’Ivraie (Jarnac) continue sa progression. Malgré le double sans-faute, il échoue à deux dixième de la suédoise.

« Il y a un an que je monte Chrome. Il a des qualités fantastiques de sauteurs mais c’est un cheval qui a un galop un peu particulier qu’il faut construire pour l’avoir en un seul morceau. Nous avons certainement une manière de travailler avec mon frère qui n’est pas tout à fait la même mais Florian me l’a filé car il n’avait que lui alors que j’avais la chance d’être mieux équipé pour le moment. Je suis vraiment content de son évolution même s’il reste du travail. Il a des capacités tout à fait hors normes. On manque encore de repaires sur de tels barrages. J’avais une distance un peu longue sur le vertical rouge à l’intérieur … et je me suis un peu ravisé en faisant une foulée de plus à l’extérieur…ce qui m’a permis de bien tourner aussi derrière. Il va peut-être falloir oser plus, mais ça dépend aussi des chevaux et de leur vitesse. Je suis certain qu’il va progresser dans ce domaine, c’est juste de la soumission à acquérir. Pour le moment, Untouchable Gips du haras des Coudrettes va très bien aussi, je ne peux pas dire que j’ai un cheval de tête véritablement entre ces deux-là. La seule différence, c’est que Untouchable a 15 ans alors que Chrome en a 11! Être cavalier de haut niveau, c’est aussi passer par des périodes moins fastes. Il faut garder le moral car on sait très bien que la roue tourne et que si ce n’est pas maintenant, ce sera quelques années plus tard. Lundi matin, je suis à 10h à Canteleu pour monter douze jeunes chevaux dans le cycle classique et préparer les années à venir. Personne ne vient nous confier des chevaux tout fait pour aller directement faire des Grand Prix quatre étoiles. Il faut donc les former. J’ai la chance de travailler avec le Haras des Coudrettes qui élève aussi beaucoup et cela fait partie de mon métier de préparer la relève. C’est de cette manière que j’espère me maintenir à un certain niveau … puis si un jour, j’en ai un meilleur que les autres, nous continuerons un peu plus loin. Je suis très heureux comme ça, cela représente juste beaucoup de travail. Il faut donc que la santé continue à suivre mais on s’y maintient. » nous explique Reynald Angot.

Finalement, il n’y en aura qu’un seul as pour faire tomber le temps de référence de la suédoise. Bosty, la fusée, évolue à quelques kilomètres de chez lui. Une bonne partie de sa famille est sur le Grand Parquet. Même une partie de ses Henson sont de la partie. Disponibles habituellement pour des randonnées dans la forêt de Barbizon, ils officient pour un fois autour du Grand parquet. Mais aujourd’hui, pour Bosty, il n’est pas question de randonnées dans les bois. C’est sur la piste que ça se passe.  Le champion olympique par équie de Rio n’aura qu’une seule distance où il sera obligé d’attendre. Pour le reste, Bosty peut utiliser l’énorme galopade du vainqueur des Sires of the World 2019 (c’était juste avant qu’il rejoigne le français). Bosty retrouve toutes ses sensations et après près de quatre ans de disette, il ajoute Le Printemps des Sports Equestres à son incroyable palmarès car derrière, personne ne fera mieux!

« J’ai loupé mon championnat ce matin et je me suis dit qu’il fallait vraiment que je me rattrape! Cassius était vraiment en forme depuis quelques concours, je suis vraiment content de lui. Je vais rarement aussi vite avec lui et là, il a vraiment répondu présent. Au Saut Hermès, il manquait encore un peu de métier. Nous n’avons pas fait tant de barrage que ça ensemble. Il a treize ans, mais il est de plus en plus rapide. J’ai vu que Wilma n’avait pas trainé, mais je n’ai pas vu son tracé, j’ai juste vu Reynald qui est passé avant moi. Ca m’a donné un point de repère et je sais que j’ai un cheval qui tourne très bien à droite… du coup, j’étais un peu avantagé sur ce barrage. Il avançait tout seul, ce n’était que du bonheur. C’est sûr que cette grande piste est plus facile pour lui que le Grand Palais Même si au final, il a bien sauté des deux côtés! Il prend de l’expérience à chaque concours et il ne veut vraiment pas toucher. La semaine dernière, il était encore sans-faute à Grimaud. Maintenant, il faut que ça continue. Même si je profite de la journée. C’est notre première victoire ensemble alors cela fait vraiment plaisir. La concurrence est dure. Ma dernière victoire en Grand Prix était avec Sangria du Coty! On va pouvoir passer une bonne soirée. Le Grand Prix n’était pas trop dur par rapport à vendredi où c’était plus technique. Quand j’ai reconnu, j’ai pensé qu’il allait y avoir beaucoup de sans-faute. Finalement, il y en a 14, c’était raisonnable. Le temps n’était pas trop court non plus, c’était assez simple. Un beau Grand Prix classique avec un beau barrage. Les chefs de piste ont fait du bon travail et c’était un évènement magnifique. Mon objectif est maintenant d’emmener le cheval à Windsor pour le 5*. Cassius est actuellement sans fer et j’aimerais le laisser sans fer … mais cela lui fermerait les pistes en herbe alors je réfléchis. J’ai mon autre cheval Delph de Denat qui a très bien sauté vendredi et peut sauter sur l’herbe. Je ne sais pas si les championnats d’Europe sont vraiment un objectif cette année. Les Jeux Olympiques sont un véritable objectif et je pense avoir deux chevaux qui ont le potentiel pour les faire. Avec Delph, j’aimerais commencer les Coupes des nations en milieu ou fin de saison, mais je veux prendre mon temps. En fait, j’avais des petits soucis avec Cassius qui se faisaient de petits hématomes. Il se déferrait régulièrement. Il a sauté de façon magnifique à Rome sur l’herbe … mais il n’arrêtait pas de se cogner. Il sortait parfois avec des fers tordus! Ici, sans fer, il ne se fait pas mal, il repart tout de suite à la réception. C’est la solution que j’ai trouvé et depuis novembre, il est comme ça. Les tendons sont mieux, tout est bien… alors, j’espère continuer comme ça. C’est un sujet difficile car il y a des chevaux déferrés qui gagnent beaucoup… et il y a des chevaux ferrés qui gagnent aussi ! Difficile de savoir qui a raison. En attendant, tant que les chevaux sont bien, c’est le plus important! » réagit un Roger-Yves Bost qui prouvé qu’à 57 ans il est encore loin de ranger ses bottes.


Les résultats complets du Grand Prix: https://results.worldsporttiming.com/event/135/competition/4354/result