Gilles Thomas et Ermitage Kalone au-dessus de la mêlée

Publié par Julien Counet le 24/09/2023

Ils étaient les favoris et tous les yeux étaient braqués sur eux,  Gilles Thomas et son Ermitage Kalone n’ont pas failli et ont dominé ce Championnat de Belgique 2023 haut la main! Ce samedi, il y aura eu de nombreux rebondissements avec de nombreuses fautes dans les deux manches de cette finale mais un couple aura survolé ce Championnat devant une foule incroyablement dense une fois de plus à Lanaken.


Thomas De Witte ne touchera aucune barre de cette finale avec Tools DW Z (Toulon x Cicero Z) mais avec un point de temps dans chaque manche, il échoue au pied du podium. Si Yves Vanderhasselt lorgnait sur la troisième marche avant cette finale, c’est finalement son frère, quatorzième (!!!) après les deux premières qualificatives, qui, en étant le seul cavalier à signer le double sans faute va s’offrir la troisième marche du podium avec Arthuro de Salar Z (Adorado x Obourg).

« Une de mes qualités, c’est de me battre jusqu’au bout. Je ne pensais évidemment pas me retrouver sur le podium au début de la journée mais j’étais déterminé à faire de mon mieux. Je savais qu’il fallait tout donner. » explique Christophe Vanderhasselt.

Avec son magnifique sans-faute en première manche, Virginie Thonon est la seule pouvoir encore faire illusion face au phénomène de l’année puisque Nicola Philippaerts, tenant du titre et en tête avant cette finale, a « explosé » dès la première manche. Malheureusement, la liégeoise ne peut éviter une faute sur l’avant dernier obstacle du parcours laissant le champ libre au jeune prodige … mais en s’assurant tout de même une médaille d’argent pour sa deuxième participation au championnat de Belgique senior.

« C’est dommage de terminer avec une faute mais évidemment cette médaille d’argent est magnifique. Lorsque j’ai décidé d’engager Edgard (de Préfontaine) dans ce championnat, mon seul et unique but était d’atteindre la finale. J’étais assez surprise mercredi de me retrouver deuxième de la chasse car j’avais plutôt rajouté des foulées. Edgard est un cheval très chaud et je ne voulais surtout pas le chauffer. En revanche, j’ai gardé mon rythme tout du long et j’ai serré toutes mes courbes. Je suis vraiment ravie car Edgard est vraiment un cheval incroyable. On ne se connait pas encore très bien… et c’est une histoire qui a bien failli ne jamais commencer! Le 4 décembre dernier, ses propriétaires m’ont proposé de me confier Edgard … mais j’ai refusé car d’une part, je m’entends très bien avec Arnaud Doem son ancien cavalier et d’autre part, pour être honnête, je n’étais spécialement fan d’Edgar.. . Et puis, finalement, au fil des discussions, il est arrivé à la maison le 2 janvier. Avec Arnaud, il avait déjà été médaillé d’argent au championnat de Belgique … lorsqu’il avait 8 ans et il en a 13 aujourd’hui! En piste, nous nous sommes rapidement trouvés même si sur le plat à la maison, ce n’était pas du tout la même chose. Malgré son âge, Il s’est parfaitement adapté à un système totalement différent. Au départ, je le montais deux heures sur le plat, il était très chaud et partait au grand galop quand on avançait la main pour le caresser.

Je suis quelqu’un d’assez nature, je ne les plie pas dans tous les sens. J’aime bien jouer avec eux. À son âge, c’est important de garder son moral. Maintenant, je le monte juste rennes longues sans lui demander trop de choses, mais en le gardant surtout calme. Il fait beaucoup de trotting, de la longe et un travail très classique loin de ce qui est demandé généralement à des chevaux qui sautent ce niveau d’épreuves. Je n’ai pas du tout demandé de conseil à Arnaud et pour être honnête, je n’ai même pas regardé de vidéos car je voulais vraiment me faire mon avis. Je trouve que tous les cavaliers sont différents et je suis contente de l’avoir fait car finalement, j’ai tout changé! Arnaud mettait des coques aux postérieurs, je mets des guêtres jeunes chevaux, il mettait des éperons, je n’en mets pas ; il mettait un pelham, je le monte avec un torsadé…. La méthode que l’on utilise est opposée et pour finir, le cheval a bien été avec les deux cavaliers. Alors évidemment, j’espère faire de beaux concours avec lui… même si Edgard est, avant tout, venu chez moi pour être commercialisé. Les choses sont très claires et c’est la priorité … même si je suis ravie de le monter tant qu’il est là mais à 13 ans, le moment est venu pour ses propriétaires de le vendre. » explique Virginie Thonon avec son franc parler habituel.

D’une sérénité exceptionnelle, Gilles Thomas a mené son phénomène Ermitage Kalone (Catoki x Kannan) vers une victoire de haut rang qui risque bien de n’être que la première d’une très longue série! Une victoire exceptionnelle puisque Gilles Thomas est le neveu par alliance de son entraineur de toujours, Marc Van Dijck … qui est lui-même le cousin de Joris van Dijck, propriétaire d’Ermitage. La victoire d’un clan, la victoire de deux énormes promesses mais aussi la victoire d’une gestion hors-paire avec un étalon qui a sailli aux alentours de 1000 juments cet été!!!

« J’avais déjà remporté le bronze en 2021. Être le dernier à partir était un gros avantage car je savais ce que j’étais autorisé à faire. Ce championnat était le plan depuis le début de l’année. D’habitude, nos étalons saillissent jusqu’au 1er septembre mais j’ai demandé à Marc et Joris pour qu’il puisse arrêter au 1er aout afin de préparer ce championnat. Le 2 aoûts, le vétérinaire est venu car il a eu une année de monte très chargée. On compte encore toutes les juments qui ont été saillie mais on doit être autour des 1000 juments. Mais j’ai eu le feu vert direct car il était impeccable! Durant toute la saison de monte, je l’ai monté tous les jours. Je voulais le garder en condition physique. Il a travaillé sur le plat tous les jours et ce travail s’en ressent aujourd’hui. Au départ, Ermitage devait commencer dès lundi la congélation en vue de la saison de monte prochaine mais finalement la semaine prochaine, nous allons aller à Barcelone en tant que numéro cinq pour la finale des Coupes des nations comme le coach nous l’a demandé hier. Ce sera notre première participation à un CSIO. Je ne sais pas du tout si je serai sélectionné pour les Jeux Olympiques … mais nous ne fermerons pas la porte. La saison de monte est importante pour nous car c’est grâce à cela que nous pouvons le garder. Ermitage va désormais faire quelques plus petites épreuves en m’accompagnant comme second ou troisième cheval avant de refaire une belle épreuve à Malines. Jussqu’à présent chaque étape qu’il franchit, il le fait avec une telle facilité que tout est possible. En début d’année, nous avons fait nos premières 145 puis nos premières 150 et on voit la facilité avec laquelle a fait ce Championnat de Belgique. Tout au long de la semaine, beaucoup de personnes sont venues pour le voir. Il est plus connu que moi et j’en suis ravi.

Depuis la fin de la saison de monte, je l’ai monté à Valkenswaard puis à Moerzeke mais ensuite, il s’est fait une blême et je dois vraiment remercier la famille Vanderhasselt qui m’a permis de venir m’entrainer sur leur piste magnifique comme nous n’avions pas pu faire plus de concours pour nous remettre à niveau. Ce qui est incroyable pour Ermitage, c’est que tout est simple pour lui. C’est pareil pour lui de sauter 1m ou 1m60. Le sentiment est le même. Il ne force jamais. Souvent, on me demande s’il a assez de sang … mais oui, il en a énormément. La troisième génération est anglo-arabe et cela donne du sang. Il reste encore assez sensible quand il y a du bruit et de l’agitation mais ça, cela va encore s’améliorer quand il aura encore un peu plus d’expérience. Son caractère fait de lui un cheval incroyable car il a eu beau saillir tous les jours, il reste extrêmement calme. Mon oncle ne monte plus beaucoup mais quand je ne suis pas là, il m’aide encore. La semaine dernière, j’étais à Varsovie au concours et c’est lui qui a monté Ermitage. C’est vraiment une victoire de toute une équipe qui fait vraiment plaisir. Cette année, jusqu’à présent, Ermitage n’a pas encore fait tomber une seule barre en concours…! » réagit Gilles Thomas

Et ce n’est pas Joris Van Dijck, au bord des larmes, qui le contre dira : « Vivre un moment comme ça en famille, cela rend les choses encore plus fortes. Nous avons une très bonne relation, on ose se dire les choses et c’est fantastique. Dès qu’on a fait sauter Ermitage en liberté, on s’est regardé avec mon père et on a tous les deux dit qu’on n’avait jamais encore eu un cheval pareil. Après ce n’est pas parce qu’un cheval saute comme un crack à trois ans que c’est un cheval de concours. Il faut voir comment il réagit dans les transports, dans les boxes, etc. On a toujours cru en lui. À 5 et 6 ans, je l’ai monté dans des petits concours régionaux. Nous n’avons pas fait beaucoup comme tous mes chevaux. Je ne suis pas quelqu’un qui les emmène aux championnats car je trouve ça exagéré. Finalement à 7 ans, Gilles a commencé à le monter et même s’il a sauté magnifiquement, ils ne se connaissaient pas encore assez que pour faire ce championnat. Cela ne changeait rien à leurs qualités, nous sommes restés calmes. J’ai déjà eu la chance d’avoir beaucoup de bons chevaux mais je pense que celui-ci est probablement le cheval d’une vie. »