Steve Guerdat en toute décontraction dans les Equita Masters

Publié par Julien Counet le 05/11/2023

Cette fois, c’est loupé! Julien Epaillard ne réussira pas son pari fou. Pourtant, tout avait bien débuté avec un parcours magnifique, sans-faute, avec le deuxième meilleur temps. Les conditions semblaient optimales. Mais dans la seconde manche, Donatello d’Auge (Jarnac) allait faillir à sa tâche avec une faute, malgré le meilleur temps absolu. Dommage. Mais un Julien peut-il en cacher un autre ?

Dernier à s’élancer, Julien Gonin, l’enfant du pays, semble avoir les cartes en main pour signer une grande victoire. Il fait de son mieux et essaie ce qu’il peut, mais 42’’10, un temps qui le laisse à la seconde place avec cette incroyable Estrella de la Batia (Diamant de Sémilly x Lando).

« Je suis très fier de ma jument. Lors du premier tour, pour réaliser les contrats de foulée qu’il y avait avec sa petite foulée, cela m’a obligé à aller très vite. Si j’avais choisi de faire ce tour avec mon autre jument, Valou du Lys, la situation aurait été tout à fait différente. C’est vraiment un concours particulier pour moi car je suis né à 20 minutes d’ici. Aujourd’hui, même si nous organisons avec ma femme le concours de Bourg en Bresse, Equita Lyon reste « mon » concours. Je suis à la maison ici. J’avais vraiment ciblé cette épreuve pour ma jument depuis un petit temps. C’est une grosse épreuve, mais elle est moins longue et pour une jument qui se donne beaucoup comme elle, c’est une bonne chose. Je pense que ça peut lui permettre de passer un cap et apprendre à s’économiser au début car je suis persuadé qu’elle a tout pour aussi bien faire l’épreuve de Coupe du monde. Il faut juste qu’elle apprenne encore à en garder pour la fin du parcours. Des chevaux aussi généreux peuvent aussi se retrouver avec les jambes coupées à 4 obstacles de l’arrivée. C’est une histoire incroyable car nous sommes partis au Winter Tour de Chazey avec 20 jeunes chevaux avec mon ami Jérôme Aguettaz. Dans le brouillard, j’ai vu sauter une jument sur 50 ou 80 cm. J’aimais bien ce qu’elle faisait … et quand on a demandé, elle était à vendre.

Nous l’avons donc achetée directement à son éleveuse en fin d’année de ses 5 ans … alors qu’elle n’avait encore quasiment rien fait. Elle avait beaucoup de tempérament … du coup, elle était passée chez quelques cavaliers avec qui ça n’avait pas été très concluant. J’ai pris mon temps avec elle et elle a souvent été critiquée mais depuis le départ, j’y crois énormément. Malheureusement, sa fougue prenait souvent le dessus et elle en perdait le contrôle de son physique. A force de travailler et en cherchant des solutions, nous sommes arrivés à des compromis. Aujourd’hui, elle se contient assez bien. Ce n’est pas classique mais par rapport à ce que j’avais, il y a une énorme progression. En fait, je crois tellement en cette jument que nous aurons au printemps 4 générations à la maison puisque depuis, j’ai également acheté sa mère et sa fille … dont nous attendons des embryons. Mon objectif serait après Lyon de faire Rouen … et puis Genève qui est également à côté de la maison. » conclut Julien Gonin.

Mais devant, il y avait un homme qui sait aussi choisir ses épreuves : le champion d’Europe en titre, Steve Guerdat remporte les Equita Masters aux couleurs d’Hermes, lui qui est un des ambassadeurs du groupe de luxe depuis plusieurs mois maintenant.

« A Lyon, c’est toujours un peu difficile de faire le programme pour les chevaux puisque si les choses ne se passent pas aussi bien qu’espérées le premier jour, c’est inutile de prendre deux chevaux de Grand Prix pour ne sauter que des épreuves au chronomètre. A ce niveau-là, Caracho (Cassilano x Quick Star) est un cheval génial dans une écurie car il peut tout faire. Il peut courir des épreuves 145 tout un week-end sans se dégrader et puis la semaine suivante aller sauter un Grand Prix en étant sans-faute. Evidemment, j’espérais pouvoir faire cette épreuve. C’est quand même plus agréable de monter l’épreuve principale le soir. C’est chouette de voir comme il l’a magnifiquement sautée en plus. J’ai toujours eu un bon sentiment sur lui mais à regarder cela ne donnait pas toujours la même impression. Malheureusement, en piste, il ne se battait pas trop. Il se laissait un peu aller en faisant souvent 4 points ou 8 points. Ces derniers mois, il a commencé à sauter très bien comme à Saint Gall et puis en gagnant la grosse épreuve du samedi soir à Bruxelles. J’ai vraiment le sentiment qu’il commence à se battre pour moi.

Je suis heureux de l’avoir car en plus d’être polyvalent, il est facile et il a une mentalité super. La vérité de la piste, il n’y a qu’en piste qu’on peut aller la chercher … mais je me dis toujours que quand le feeling est bon, il faut essayer. J’ai vraiment l’impression que là, il prend du plaisir. C’est un cercle vertueux car quand il a du plaisir, j’en ai aussi… C’est pour cela que je pense que la recherche ne doit pas se faire pour gagner plus mais bien pour apprendre comment on va être le mieux avec son cheval et comment son cheval va se sentir le mieux car je suis certain que cela influencera ses performances. C’est comme ça que je raisonne. Je cherche avant tout qu’il soit plus frais, plus heureux et plus libre dans sa tête. Aujourd’hui, c’est vrai que l’écurie tourne bien. On peut tourner autour du pot mais tous ces bons résultats arrivent grâce à une crack : Dynamix arrive à maturité et cela libère l’écurie. C’est plus facile de faire un programme. Les épreuves les plus importantes sont pour elle. Elle ne se loupe jamais si je ne me loupe pas. Tout est plus facile mais c’est pareil dans toutes les écuries. Quand on a un tel phénomène, ça aide toute l’équipe et tous les autres chevaux. Je pense que ce serait exagéré de dire que je n’ai pas pris de risques hier dans le Grand Prix. Je ne veux pas me cacher derrière cette excuse. Je sais que je ne suis pas encore assez compétitif avec elle. Je dois encore travailler cela avec elle. Elle ne deviendra pas une fusée mais sur un tel barrage , on doit pouvoir gagner une seconde. Hier, je pense avoir été aussi vite que je pouvais aller sans la mettre dans le rouge. Ce sont des chevaux tellement respectueux qu’on a vite faire de faire une bêtise. Je pense qu’elle vaut la peine que j’attende qu’elle me dise qu’elle soit prête. Actuellement, je suis en dessous de la limite. On peut certainement aller à la limite … mais je ne veux surtout pas la franchir. Elle est géniale parce que je sais que je peux courir l’épreuve du premier jour sans que cela ne change quoi que ce soit en vue du Grand Prix de dimanche ! C’est ce qui la rend vraiment spéciale et j’espère que nous aurons encore progressé d’ici six mois. »