Jérôme Guéry pour réécrire la légende de Romulus et Rémus

Publié par Sébastien Boulanger le 08/02/2024

Parmi les chevaux qui constituent la relève pour Jérôme Guéry, il en est deux qui séduisent particulièrement le vice-champion du monde: Romulus et Rémus.

Mais commençons par le commencement… l’histoire ne débute pas avec une louve (NDLR: si vous voulez vous rafraichir la mémoire à propos de la légende de Romulus et Rémus suivez ce lien ) , mais avec une jument: Margriet de Mariposa. Comme nous le raconte Jérôme Guéry…

« À l’origine, c’est son éleveur, Koen De Brabander, qui me l’avait confiée. Margriet de Mariposa (Nabab de Rêve x For Pleasure) est une fille de Flora de Mariposa (For Pleasure x Power Light) et elle montrait elle aussi des qualités exceptionnelles. Très vite, avec mon associé, Alexander Oancea, nous avons voulu l’acheter alors qu’elle était encore jeune. Et puis, très vite, Margriet a commencé à sauter de façon fantastique. »


Passée sous la selle de Patricia et puis de Jérôme Guéry, la jument a fait des merveilles, sautant 1m60 et s’offrant du coup un ticket pour poursuivre sa carrière aux USA.








« Quand on discutait avec son éleveur, il nous disait:  » Vous savez, j’ai des produits d’elle. J’ai deux frères. Deux propres frères ». C’est comme ça que nous avons rencontré le premier: Romulus de Mariposa (Lector VD Bisschop x Nabab de Reve). Il nous a été présenté, il avait alors cinq ans. 

C’est à ce moment là qu’avec Alex nous avons décidé d’acheter la moitié pour continuer l’histoire vu qu’on avait Margriet et qu’on était en train de la vendre. Et par la suite, quand elle a été vendue, vu que ça se passait super bien avec Romulus, on s’est dit qu’on allait essayer d’acheter son propre frère, Rémus.




« On avait Romulus depuis un an et puis c’est à Gesves (NDLR: Lors des championnats de Belgique pour jeunes chevaux) après la finale que nous avons pu l’acheter avec les Philippaerts. »

« Ce sont deux propres frères, mais ce sont deux chevaux très différents. Romulus est bai et il est très puissant. C’est un cheval très sûr de lui, hyper respectueux. Il y a beaucoup de similitudes avec sa mère Margriet. Il a une technique où il a un tout petit peu les pattes longues devant mais il est tellement léger à la battue.  Quand on le voit, il fait un peu cheval un tout petit peu lourd comme ça sur le plat. Et pourtant, le sentiment dessus est incroyable au moment de la battue, il décolle du sol avec énormément de légèreté. Il était un peu tardif vu son gabarit un peu fort. Il est étalon et les étalons sont souvent un peu plus fainéants à la maison. C’est un cheval qui aime aller au concours, il s’exprime plus au concours. »







« La première fois que je l’ai monté, j’ai tout de suite adoré le cheval. Connaissant aussi la mère, j‘ai tout de suite senti que c’était un cheval qui allait sauter le Grand Prix. À l’époque, quand je l’ai essayé, je connaissais un peu le père, Lector VD Bisschop (Bamako de Muze x For Pleasure), mais pas tant que ça. C’était avant que Koen (Vereecke) ne perce avec le cheval. C’est après qu’il a vraiment brillé. Le cheval était déjà bon, mais on en parlait pas plus que ça à ce moment là. J’ai donc été vers Romulus pas pour le père, mais vraiment parce qu’il y avait Margriet. Un an après Romulus dont j’étais vraiment satisfait, j’ai donc voulu acheter Rémus de Mariposa. Il faut dire qu’avec l’élevage de Mariposa, on avait déjà connu la même chose, avec Alex on avait pu acheter deux propres frères et soeur comme ça. C’était Nestor et Nora. 

On suivait Rémus depuis plusieurs mois déjà et là à Gesves, on s’est décidés. Mais tout le monde avait vu que le cheval était hors du commun. Beaucoup de gens étaient alors sur le cheval et nous avons finalement pu l’acheter avec les Philippaerts. Au début Ludo le voulait dans ses écuries, mais j’ai dis « non, j’ai son frère, je veux les mettre ensemble dans la même l’écurie. » « 

Contrairement à la légende antique où Romulus terrassait à mort son frère, ici on ne peut pas encore dire lequel des deux prendra l’ascendant sur l’autre. Même Jérôme Guéry a beaucoup de mal à se prononcer à ce sujet.

« Même si ils sont une fois encore incroyablement différents: Rémus de Mariposa est un grand cheval alezan avec énormément de sang pour son gabarit, il est hongre et par rapport à Romulus qui est très sûr de lui, il est un peu plus inquiet, plus sensible, moins sûr de lui, mais il a énormément d’énergie. Le point commun qu’ils ont, c’est que ce sont des chevaux avec énormément de moyens et de force.

La question ne se pose même pas aujourd’hui, on sait que tous les deux seront des chevaux qui sauteront des Grand Prix. Par contre savoir lequel sera meilleur que l’autre c’est difficile à dire. Les avis sont vraiment partagés. C’est ça qui est vraiment chouette. Des gens viennent me dire: « je préfère le bai », alors que d’autres c’est : »je préfère l’alezan ». Il y a des fans des deux côtés. Les deux sont vraiment appréciés car ce sont vraiment des chevaux exceptionnels mais avec des comportements différents, des techniques de saut différentes. Moi, je ne sais pas dire aujourd’hui lequel sera le meilleur. C’est ça qui est chouette dans cette histoire, outre le fait que par rapport à la légende, rassembler Romulus et Rémus, les frères jumaux, était un clin d’oeil sympa aussi.

On verra bien lequel brillera le plus, mais ce qui est certain c’est que ce sont deux chevaux dont on entendra parler dans le futur. »

Vous pensez déjà à des produits de Romulus?

« Pas encore vraiment. On nous a déjà demandé si on l’utilisait pour la saillie, mais honnêtement pour le moment il se concentre sur le sport. Mais peut-être qu’à l’avenir on va décider de le prélever, on verra. Si il continue comme ça l’année prochaine et qu’on l’a encore, on y pensera peut-être plus sérieusement.

Ce qui risque d’arriver également c’est qu’un jour ils soient séparés et qu’un des deux poursuive sa carrière dans une autre écurie, mais j’aimerais en tout cas aller jusqu’au bout de l’histoire avec un des deux. »

Quel a été leur programme jusqu’à maintenant et que prévoyez-vous pour la suite?

Romulus est chez nous depuis plus d’un an et demi maintenant, on a fait toute sa formation, quelques concours et quelques cycles. Virginie Thonon l’a même monté également une fois. Mais maintenant ils ont sept ans, ils évoluent sous ma selle tous les deux. Rémus j’ai commencé à le monter sur la tournée d’automne à Oliva en octobre et il a continué en début d’année toujours à Oliva, mais il évolue très vite et très bien. Même si il avait un peu de retard sur son frère qui est déjà un peu plus avancé dans le dressage car depuis plus longtemps sous ma selle. Mais Rémus brille déjà dans les épreuves pour sept ans. Il est déjà sans faute tout le temps.

Pour la suite, je vais voir un peu l’évolution, mais j’aimerais bien avoir au moins un des deux qui m’accompagne sur les beaux événements. Si j’ai la chance de faire le CHIO d’Aix-La-Chapelle, j’aimerais qu’il y en ait un avec moi. Et clairement, l’objectif c’est de les emmener tous les deux en fin d’année aux Championnats du monde, à Lanaken. »

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Sébastien Boulanger